Philosophie

Séminaire Dialogues philosophiques

Alessandro Francisco

05 mars 2019 à 19h

Conférence Le moment monteverdien : l’analyse de la rupture épistémique entre la Renaissance et l’âge classique

Répondant : Claude Imbert (ENS)

Dans le cadre d’une recherche d’inspiration foucaldienne intitulée Archéologie de la musique, l’exposé proposé pour cette séance des Dialogues philosophiques a pour but d’analyser la musique et les discours qui y sont associés dans le passage de la Renaissance à l’âge classique, sans faire usage et référence au concept de style.

Si, dans le cadre d’une archéologie des sciences humaines, un « moment cartésien » marque une rupture épistémique, c’est-à-dire une différence entre les espaces d’ordre qui figurent en tant que condition de possibilité des savoirs de la Renaissance, d’un côté, et des savoirs de l’âge classique, de l’autre, et si la musique peut être comprise comme discours sonore, on doit chercher un moment de rupture aussi dans le passage de la musique de la Renaissance à la musique de l’âge classique.

On essaierait tout d’abord d’expliquer que dans la transformation de la musique de la fin du Moyen Âge au début de l’âge classique il y a eu également un moment de rupture, un « moment monteverdien », et ensuite de faire voir que les deux moments – « cartésien » et monteverdien – ne sont qu’un seul et même moment de l’histoire de la pensée occidentale elle-même. Voilà la suite de la conférence-manifeste Pour une archéologie de la musique, pas précédent de cette étude, qui a eu lieu au colloque Michel Foucault et les arts, organisée en 2017 par Judith Revel, Fabienne Brugère et Arianna Sforzini, dont les exposés seront bientôt publiés.

Alessandro de Lima Francisco est professeur de Philosophie et de Théorie de l’Histoire des cours de la Coordination générale de perfectionnement (COGEAE) de la Pontificale Université Catholique de São Paulo (PUC-SP) et du Centre Universitaire Assunção (UNIFAI - São Paulo - Brésil). Chercheur associé au Laboratoire d’études et des recherches sur les logiques contemporaines de la philosophie (Université Paris 8), membre du Centre d’études Jean-Jacques Rousseau du Brésil et de l’Association d’études du XVIIIe siècle (São Paulo – Brésil), il a soutenu sa thèse de doctorat en philosophie, dont le sujet est l’importance de la psychologie dans la problématisation philosophique de Michel Foucault à partir de ses manuscrits inédits des années 1950, en co-tutelle entre la Pontificale Université Catholique de São Paulo et l’Université Paris 8 sous la direction des Professeurs Salma Tannus Muchail et Fabienne Brugère. Actuellement, il réalise une recherche d’inspiration foucaldienne intitulée Archéologie de la musique sous la supervision de Mme Claude Imbert (École Normale Supérieure de Paris). Cette nouvelle étude vise à analyser la musique comme discours musical (Klangrede), concept emprunté au chef d’orchestre autrichien Nikolaus Harnoncourt, et à repenser l’histoire de la musique traditionnelle à partir de la notion d’épistèmé. Le problème mis en évidence par cette étude peut être énoncé dans la forme de la question suivante : est-ce que la musique est soumise aux mêmes déterminations historiques que les savoirs ?

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Dans le cadre du Séminaire Dialogues philosophiques. Rencontres philosophiques entre chercheurs d’Amérique latine et d’Europe sous la direction de Patrice Vermeren.