Photographie

De l'autre côté

Photographies de Jeanne Mandello, Hildegard Rosenthal et Grete Stern

Catalogue, éditions Loco

Mais garde dans le sang

Comme un poisson

Le doux éclat de la distance

Ida Vitale

Ni plus ni moins, Ed du Seuil, 2017

 

« J’ai quitté l’Allemagne depuis un demi-siècle. J’avais raison de dire à mon beau-frère, lorsqu’il m’accueillit, sur le quai de la gare, en 1933, que ce seraient de très longues vacances … »

Lotte Eisner

Exilés en France, Ed François Maspero, 1982

 

 

 

Le doux éclat de la distance

 

Trois femmes de race, pour reprendre le titre célèbre du livre mexicain d Etiemble : Hildegard Rosenthal, Jeanne Mandello et Grete Stern.

L’avènement du nazisme les a poussées de l’Allemagne vers l’extrême occident de l’hémisphère sud, Brésil, Uruguay et Argentine, de l’autre côté du monde.

Trois femmes, leur trait d’union (ce fut le titre d’un journal des exilés antifascistes allemands à Paris) est leur irrépressible désir d’exercer leur liberté individuelle et artistique, de ne jamais se soumettre aux mauvais côtés du monde, au moment où, pour le dire avec les mots d’Yves Bonnefoy « Le néant s’invitait à la table déjà bien dévastée du festin. »

Trois femmes devenues photographes latino-américaines ont, optant définitivement pour la photographie, comblé leurs si longues vacances en explorant, chacune à leur manière, si diversement pénétrante, la pluralité des mondes, réels et imaginaires.

Trois femmes photographes dont Gabriel Bauret, commissaire de l’exposition, se souvient et nous livre leurs vies -photographiques- mode d’emploi.

Le Musée Folkwang de Essen en Allemagne et Ute Eskildsen, son ancienne directrice, L’Institut Moreira Salles du Brésil et Samuel Vasconcellos Titan, chargé des collections photographiques, la Galerie Jorge Mara-La Ruche d’Argentine et la Galerie Isabel Mandello en Espagne ont favorablement rendu possible cette exposition.

Ces trois femmes ont fait, grâce à leurs photographies, le voyage à l’envers, toujours l’autre côté. La Maison de l’Amérique latine est le relais qu’il leur fallait pour conserver, sur les chemins de l’exil, le doux éclat de la distance.

Alain Rouquié