Musique

Tribune de la musique

des disques et des spectacles

16 fevr 2023 à 19h

Animée par Oscar Barahona, Nelson Gómez, Francisco González et Michel Plisson.

1ère partie : La place de la femme dans le tango, chanté par Françoise Prioul

 

Si la femme apparaît en filigrane dans les proto-tangos ou les tangos épiques de la Vieja Guardia, le tango-canción -voie lyrique ouverte par Pascual Contursi dans les années 1916-17- en fait un personnage majeur dont la construction esthétique s’appuie sur des changements profonds dans une société où la femme prend une place croissante aussi bien que controversée. Le tango des années 1920, le cinéma des années 1930, révèlent des talents lyriques féminins tels que Libertad Lamarque, Rosita Quiroga, Mercedes Simone, Olinda Bozán, etc., ainsi que quelques musiciennes (Paquita Bernardo) et poétesses (María Luisa Carnelli). Le schème sémiotique sur lequel se construit le tango-canción des années 1920 -la métamorphose de la femme humble de quartier qui préfère le luxe illusoire des cabarets à une pauvreté terreau d’amours sincères-, masque et dévoile à la fois une série de variantes tanguistiques et des subtilités où ont excellé des génies dignes de figurer au Parnasse du tango : P. Contursi, Discépolo, González Castillo, Cadícamo, entre autres. Celedonio Flores y figure en bonne place, “féministe” avant la lettre, représentant d’un humanisme et d’une sensibilité toute particulière, que Françoise Prioul évoquera à travers quelques oeuvres majeures.

 

Françoise Prioul est maîtresse de conférences à l’université de Sorbonne-Paris-Nord. Titulaire d’un doctorat de littérature latino-américaine, elle oriente ses recherches depuis de nombreuses années autour des poétiques du tango, du personnage et de la voix poétique dans les paroles de tango, en particulier des années 1920-1930. Elle a publié de nombreux articles sur les thèmes suivants : tango et identité, tango et altérité, le tango comme vecteur philosophique, la mémoire dans l’oeuvre d’Homero Manzi, l’écriture de Discépolo, Enrique Dizeo, Roberto Selles et Celedonio Flores auquel elle consacre l’essentiel de sa recherche actuelle. Membre des laboratoires Pléiade (Sorbonne-Paris-Nord) et CRICCAL (Paris III) et membre de la Academia Porteña de Lunfardo, elle a co-écrit deux ouvrages sur Celedonio Flores et sur les poésies de tango contemporaines (Roberto Selles), édités à Buenos Aires. Françoise Prioul est aussi violoniste de tango -elle joue régulièrement à Paris et à Buenos Aires- et danseuse.

 

2ème partie : "Argotique et malandrin" - le lunfardo dans le tango, par Wladimir Beltrán

 

Le comédien et chanteur Wladimir Beltrán présentera des extraits du spectacle musical, poétique et littéraire, "Argotique et malandrin", qu'il a conçu d’après l'ouvrage de Horacio Salas, El Tango, avec la participation des guitaristes Martín Perdomo et Javier Díaz González. Le spectacle intégral sera donné à la suite de la tribune de la musique à 21h.

 

La thématique de ce spectacle est le lunfardo dans le tango. Le lunfardo est un argot mystérieux qui donna au tango ses lettres de noblesse. Comme tout groupe social qui se revendique en tant que tel, à la fin du XIXème siècle et au début du XXème les voleurs eurent besoin d’un langage codé leur permettant non seulement de se reconnaître entre eux et de tromper la police ou les victimes qu’ils prétendaient dépouiller, mais surtout de pouvoir communiquer en prison sans que les gardiens les comprennent. C’est ainsi que naquirent des termes et des expressions spécifiques qui furent à l’origine de ce qu’on avait coutume d’appeler le "langage de la taule", c’est-à-dire le langage des prisonniers, le parler des lunfardos comme se désignaient eux-mêmes les voleurs.

 

L’apport le plus important à la diffusion massive du lunfardo n’est dû ni à la littérature ni à la poésie mais bien au tango. Parmi les grands artistes qui ont chanté les tangos lunfardos on peut citer Edmundo Rivero (1911-1986). Lors de son spectacle, Wladimir Beltrán fait précéder chacun des tangos interprétés par sa traduction en français faite par Annie Morvan.

 

Wladimir Beltrán est acteur et chanteur. Au théâtre il joue avec Alfredo Arias, Philippe Adrien, Alain Germain, la Compagnie Yorick. Il réalise des seuls en scène : Terre de Feu, Le Cheval, Fils de Voleur, Rêveries au Bord du Fleuve San Fin. Il travaille dans des doublages pour le cinéma et dans les dramatiques à France Culture. Comme chanteur il interprète le tango, le folklore et le boléro.

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Généralement tous les deuxièmes jeudis de chaque mois, de 19h à 20h30, la Tribune de la Musique, des disques et des Spectacles invite des musiciens, chanteurs, interprètes, compositeurs, ethnomusicologues, danseurs, anthropologues, vidéastes, cinéastes documentaristes à débattre autour des musiques d'Amérique latine, qu'elles soient traditionnelles, populaires et/ou savantes, et présente CDs, livres, partitions, films DVD ou videos-films à l'occasion d'une publication récente, CD, DVD, Films, etc... La Maison de l'Amérique latine communique sur son site le programme précis une dizaine de jours avant la séance.

 

Prochaine séance : le 16 mars 2023