Philosophie

Séminaire Dialogues philosophiques

Diego Tatián

06 juin 2023 à 19h

Conférence de  Diego Tatián, Universidad Nacional de San Martín / CONICET, Argentine) : Spinoza et l'art. 

En dialogue avec Cristina Ruiz Guiñazú, artiste peintre argentine, Pierre-François Moreau, (ENS Lyon) et Patrice Vermeren, Université Paris 8.

    

Le statut de l’art dans la philosophie de Spinoza a été peu étudié par la critique. Bien que l'on puisse inscrire la pensée spinoziste dans la conversion anthropologique, en vertu de laquelle le beau devient un effet sur le sujet et non une qualité des objets, sa compréhension de l’art est inassimilable à l’« esthétique » comme domaine différencié et autonome, qui se consolide au XVIIIe siècle : puisqu’il est intégré à la vie et à l’expérience commune, l’art serait conçu, en revanche, comme une praxis d’origine corporelle et à la portée de tous. L’accent se déplace alors des « œuvres » à la puissance productive du corps ou – comme le propose Lorenzo Vinciguerra – de l’esthétique à l’éthique et la pratique politique. Le terme ars apparaît disséminé dans l’œuvre de Spinoza et comporte de significations très diverses. Cette indétermination, sa distance par rapport aux théories classiques de la beauté et son irréductibilité à l’esthétique du goût élaborée au XVIIIe siècle, dialogue de manière anachronique avec les expériences d’avant-garde et la critique contemporaine, qui brise l’identification de l’art et la beauté, ainsi que toute forme d’esthétique normative.

 

 

 

 

El estatuto del arte en la filosofía de Spinoza ha sido escasamente estudiado por la crítica. Si bien el pensamiento spinozista se inscribiría en la conversión antropológica en virtud de la cual lo bello resulta ser un efecto en el sujeto y no una cualidad de los objetos, su comprensión del arte es inasimilable a la “estética” como ámbito diferenciado y autónomo que se consolida en el siglo XVIII: el arte sería concebido, en cambio, en cuanto integrado a la vida y a la experiencia común, como praxis de origen corporal al alcance de cualquiera. El énfasis se desplaza, entonces, de las “obras” a la potencia productiva del cuerpo, o bien – según el núcleo de la argumentación de Lorenzo Vinciguerra –, de la estética a la ética y la práctica política. La palabra ars aparece diseminada en la obra de Spinoza, y tiene muy distintas significaciones. Esa indeterminación, su distancia respecto a las teorías clásicas de la belleza y su irreductibilidad a la estética del gusto elaborada en el siglo XVIII, dialoga anacrónicamente con las experiencias de vanguardia y la crítica contemporánea que rompe la identificación de arte y belleza, como también cualquier forma de una estética normativa.

 

 

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Dans le cadre du Séminaire des Dialogues Philosophiques. Rencontres philosophiques entre chercheurs d'Amérique latine et d'Europe.
Direction scientifique : Stéphane Douailler, Éric Lecerf, Georges Navet (†), Bertrand Ogilvie, Patrick Vauday et Patrice Vermeren (Université Paris 8) ; Marie Cuillerai, Martine Leibovici (Université Paris 7), Nelson Vallejo-Gomez (FMSH) ; Jean-René Garcia (Université paris 13) ; Louise Ferté (Université de Lille) et Guadalupe Deza (Université Paris 8).