Musique

Tribune de la musique

des disques et des spectacles

16 mars 2023 à 19h

Animée par Oscar Barahona, Nelson Gómez, Francisco González et Michel Plisson.

1ère partie :  La rumba cubaine

 

Pour commencer cette séance consacrée à Cuba, Oscar Barahona donnera un aperçu d'un des styles musicaux les plus anciens et caractéristiques de l'île, la rumba cubaine, à distinguer d'autres types de rumba tels que la rumba congolaise, flamenca, gitane, salsa et de salon, dont elle est une lointaine inspiratrice. Synonyme dans quasiment toute l'Amérique latine de fête ou bringue, le mot rumba désigne également à Cuba une musique et une danse d'origine africaine d'une extraordinaire vitalité et d'une polyrythmie extrêmement complexe et subtile, unique en son genre.

Inscrite en 2016 par l'UNESCO sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité en tant que "mélange festif de musiques et de danses et toutes les pratiques associées", la rumba cubaine est un style musical et un type de danse traditionnels à Cuba dont les racines plongent dans l'Afrique. Les archives historiques indiquent que la rumba est apparue sur le sol cubain à l'époque coloniale, sous l'impulsion de la population d'esclaves noirs, et a commencé à se développer autour des raffineries et des champs de canne à sucre, avant de gagner les villes après l'abolition de l'esclavage en 1886.

 

Apparentée musicalement à la santería, culte rendu aux divinités africaines ou orishas apporté et préservé par les esclaves venus d'Afrique et caractérisé par des chants rituels accompagnés par des tambours et autres percussions, la rumba pourrait être considérée comme sa version profane. Alors que les tambours batá sont réservés aux cérémonies de la santería et, une fois consacrés, ne peuvent être joués en principe en dehors de ces occasions, les percussions de la rumba sont le plus souvent jouées par des musiciens eux-mêmes impliqués par ailleurs dans des pratiques religieuses (yoruba, abakuá, lukumí, palo monte) et qui mettent à profit leur savoir rythmique pour l’animation de fêtes profanes. Ainsi, une bonne partie de la polyrythmie de la rumba proviendrait de la sécularisation de rythmes religieux africains, la musique et la danse jouant comme on le sait un rôle central dans les rites venus d’Afrique.

La rumba comprend trois types de rythmes : le guaguancó, la rumba de La Havane, et la columbia et le yambú, originaires de la région de Matanzas. Elle fait retentir trois tambours appelés tumbadoras ou congas, qui sont originaires de Cuba et se distinguent des tambours africains par le fait qu'ils comportent des tiges de serrage. Les tambours sont organisés en deux groupes : deux d'entre eux, appelés salidor et segundo, servent à marquer le rythme de base ; l'autre, appelé quinto, a un son plus aigu et est utilisé pour l'improvisation rythmique et les fioritures qui accompagnent les mouvements des danseurs. Les autres instruments de percussion utilisés dans la rumba cubaine sont les cajones (caisses en bois), les claves (bouts de bois entrechoqués), le catá (cylindre en bambou ou en bois frappé avec deux baguettes), le chekeré (grosse courge séchée entourée d'une maille de graines) et une batterie de cencerros ou campanas (cloches).

 

2ème partie : Présentation du livre Cuba – Une histoire de l'île par sa musique et sa littérature, par Marcel Quillévéré

L'invité de cette séance cubaine est le producteur de radio, chanteur lyrique, directeur d’opéra, auteur, traducteur et conférencier Marcel Quillévéré, spécialiste de la musique latino-américaine. Animateur sur France Musique des prestigieuses émissions Carrefour des Amériques et Balades Latino-américaines, qui connaissent un grand retentissement et une forte audience, Marcel Quillévéré présentera son dernier ouvrage : Cuba – Une histoire de l'île par sa musique et sa littérature, coédité par Albin Michel et les Éditions Radio France. Ce livre est une déclinaison des émissions radiophoniques consacrées à Cuba, conçues en plusieurs épisodes comme une série de chroniques musicales et historiques.

 

Dans ses émissions Marcel Quillévéré brosse les évolutions musicales de Cuba du XVIIIe siècle à nos jours, en lien notamment avec son évolution historique. Au cours de véritables promenades musicales et de descriptions riches en couleurs, il nous plonge dans l’ambiance de villes emblématiques comme Santiago de Cuba ou La Havane au son de la salsa, la rumba, la habanera ou la contradanza jouées dans les cafés enfumés, les ruelles bondées, les théâtres ou les églises... Fruit de multiples croisements culturels, de l’Espagne à la Louisiane en passant par Haïti ou la France, les musiques cubaines reprennent ici vie au fil des époques, marquées par le passage à Cuba d’artistes emblématiques - musiciens mais aussi poètes et écrivains : Paul Morand, Robert Desnos, George Gershwin, Hemingway, García Lorca… L’accent est donc mis sur les liens entre les arts mais aussi entre les pays, au cours d’un voyage musical passionnant où s’entremêlent musique classique et musiques populaires, ponctués d’extraits de romans ou de poèmes et de récits de voyage. Cuba a longtemps été au carrefour du monde : un point de rencontre privilégié entre l'Europe et les Amériques.

 

Professeur d’espagnol puis chanteur à l’Opéra de Studio de Paris, Marcel Quillévéré étudie à la Juilliard School de New York où il vit quatre ans (1977-1981). Suit alors une carrière d’artiste lyrique en Europe et aux Etats-Unis pendant 21 ans, couronnée par un Grand Prix du Disque, en 1993, pour des mélodies inédites de Villa-Lobos. Plus récemment, il a créé pour les Médias Francophones Publics (Radio France / RTS / RTB / Radio Canada), une émission d’été à succès sur l’histoire des pays d’Amérique latine par leur musique et leur littérature, Carrefour des Amériques, dont le livre qui sera présenté est la prolongation du premier volet sur Cuba. Il est notamment l’auteur du roman Les îles (Lattès), dans lequel il révèle son amour et sa passion pour Cuba.

 

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Généralement tous les deuxièmes jeudis de chaque mois, de 19h à 20h30, la Tribune de la Musique, des disques et des Spectacles invite des musiciens, chanteurs, interprètes, compositeurs, ethnomusicologues, danseurs, anthropologues, vidéastes, cinéastes documentaristes à débattre autour des musiques d'Amérique latine, qu'elles soient traditionnelles, populaires et/ou savantes, et présente CDs, livres, partitions, films DVD ou videos-films à l'occasion d'une publication récente, CD, DVD, Films, etc... La Maison de l'Amérique latine communique sur son site le programme précis une dizaine de jours avant la séance.

 

Prochaine séance : le 13 avril 2023