Poésie

Po&sie

Michel Deguy

15 déc 2022 à 19h

Rencontre autour de la parution du numéro 181-182 de la revue Po&sie, consacré à Michel Deguy

L’une d’entre nous l’a dit : il était l’homme-peuple, l’intellectuel collectif, l’être des jonctions et des bords. Il abritait, arche de Noé emballée, un monde, des mondes et des mondes de mondes. Des mondes s’abritaient en lui. Et ils le cherchent aujourd’hui comme sans gouverne sous le surplomb de son manque.
Deguy aura aimanté des vies et des groupes. Nos vies et notre groupe. À la différence de beaucoup de poètes de sa génération certains, eux, de la supériorité de la vocation individuelle sur l’entreprise collective, il emportait l’une et l’autre, l’une avec l’autre. Il aura pensé que faire œuvre c’est faire ensemble où ensemble est aussi le complément d’objet du verbe faire.
Or la revue est ce faire ensemble : des poèmes, des poétiques, et aussi une critique de la faculté de juger un peu moins fragile, peut-être, d’être à plusieurs mains.
Ici, d’autres mains se joignent – elles se succèdent comme en une ronde où l’on passe d’une génération à l’autre. Et Deguy était sensible à ces effets de génération (ici encore le double sens secourt). Passages du témoin : il est passé par ici, il repassera par là.
On trouvera dans ce numéro une cinquantaine de témoignages de compagnes et de compagnons de route qui croisèrent celles de Deguy, bifurquées et palinodiques, sur plus de soixante ans. Redisons-le : Deguy couvre la poésie française, de Les meurtrières (1959) à La Commaison (2022).
La découpe de ce numéro lui est due.
Dans La Vie subite, le grand livre de 2016, Deguy avait proposé la scansion des « Poèmes », des « Théorèmes » et des « Biographèmes »…

       Martin Rueff

 

La revue sera en vente lors de cette soirée.