Cinéma

Évanescences

Modos de desvanecimiento - Video Festival BIENALSUR

10 oct 2023 à 19h

 

Commissaire BIENALSUR : Florencia Incarbone

 

En présence de Florencia Incarbone,  Marlise Ilhesca (Asesoría General BIENALSUR) et Estefanía Peñafiel Loaiza 

 

Tiziana Panizza (Chili)

Tierra en movimiento (Terre en mouvement/ Unstable Land), 2015

Super 8 mm digitalisé, en couleur, son. 37 min

Le 27 février 2010, un tremblement de terre de magnitude 8.8 frappait durement le Chili. L’épicentre se situant en mer, une grande partie des destructions furent provoquées par un tsunami que déclencha la secousse sismique. A Santiago, la terre trembla pendant plus de 5 minutes. Tiziana Panizza, accompagnée des paroles du poète chilien German Carrasco, a filmé les vestiges du désastre dans les différentes localités du pays, afin de retracer une mémoire sismique du territoire.  Elle a parcouru une géographie instable à partir de fragments d’objets, de petites anecdotes et de photographies appartenant à des archives familiales, filmés en format super 8 ou vidéo. Face aux interrogations que génère une catastrophe, Tiziana Panizza propose une reconstruction à partir de ce qui a survécu.

 

 

 

 

 

Estefanía Peñafiel Loaiza (Equateur/France)

Remontajes - remontages (Ivry-sur-Seine, avril 2014), 2016

Vidéo 21 min 4 s.

Avec la participation de Jean-Claude Brudy et Nicolas Bernard (Entreprise Bodet).

La fermeture de la Manufacture des Œillets d’Ivry-sur-Seine à la fin des années 1970 signifia dans le même temps l’arrêt de son horloge à double cadrant. Sur la face extérieure, les aiguilles marquaient le passage des heures pour les habitants de la ville d’Ivry, sur la face intérieure, elles rythmaient la journée de travail des ouvriers. Lorsqu’en 2014 Estefanía Peñafiel Loaiza fut invitée à réaliser une exposition au Crédac (centre d’art situé sur un étage de l’un des bâtiments), une partie de son projet consista à remonter cette horloge et à enregistrer la subtilité des gestes des deux spécialistes en horlogerie qui furent embauchés à cet effet. Comme une action performative entre le passé et le présent, ce mécanisme abandonné depuis des décennies se mit à reprendre vie, le temps de quelques semaines, grâce au savoir-faire des artisans dans l’horlogerie mécanique.

 

Florencia Levy (Argentine)

Fossil Place, 2019

Vidéo. 14 min 30 s

Dans Fossil Place, nature, urbanisme, économie et extractivisme s’entremêlent dans une complexe réalité dystopique. Plusieurs voix nous guident au cours de notre navigation, à travers les transformations de diverses villes chinoises depuis quarante ans, leur croissance exponentielle liée à l’essor de la technologie et aux défis rencontrés pour assouvir leurs besoins insatiables. Dans un discours construit sur des faits scientifiques et biographiques, nous voyons apparaître un espace mental collectif. Ce type de construction narrative (plus proche d’une logique rhizomique que linéaire) s’inscrit dans les qualités monstrueuses et impures des origines du cinéma (entre la fiction et le documentaire). Florence Levy emmène ce récit aussi loin que possible, en tirant la réalité vers un territoire semi-lointain sur lequel rêver.

Projets urbains qui se convertissent en villes fantômes, lacs qui se transforment en sources d’eau empoisonnée, ou brume formée de particules toxiques en suspension…ces phénomènes font partie d’une narrative chorale et sinistre. “Il est difficile d’être aveugle”, dit l’une des voix. Fossil Place semble suggérer que, pendant que nous nous faisons l’écho de nos propres expériences dans le monde, il subsiste toujours quelque part un foyer de résistance qui attend d’être découvert.

 

 

Ce programme est proposé par BIENALSUR.

 

Artistes : Julio Fermepin (Argentine), Laura Huertas Millán (Colombie/France), Florencia Levy (Argentine), Tiziana Panizza (Chili), Estefanía Peñafiel Loaiza (Equateur/France), Jessica Sarah Rinland (Grande-Bretagne/Argentine), Paul Rosero Contreras (Equateur), Ana Vaz (Brésil)

 

Il rassemble des œuvres d'artistes et vidéastes latino-américains qui travaillent avec l'image en mouvement, et propose une exploration esthétique du processus d’évanescence. Cet état singulier implique le passage du visible à l'invisible, un changement d'état qui se projette dans de multiples directions vers une lente désintégration.

 

Les vidéos et les films questionnent la façon dont cette condition évanescente peut être abordée. Une culture, un écosystème, une nation, un peuple et même un édifice peuvent disparaître dans un laps de temps donné ou l’espace d’un instant, mais il existe toujours des moyens de réapparaître, faisant de l'impermanence une opportunité de transmutation.

 

L’art offre la possibilité de réincarnation à travers son potentiel expressif. En ce sens, il s'agit d'explorer les moyens de faire face à l'absence de ce qui était autrefois solide et incarné, et qui n'est plus désormais qu'une image évanescente dans notre esprit. 

 

Évanescences - Modos de desvanecimiento, tel un bourgeon qui pousse inexorablement, offre une myriade de possibilités à l’heure où l’on s’interroge sur les façons d’affronter les processus radicaux de destruction et de transformation. Conçues comme des exercices de mémoire ou des oracles critiques pour penser notre passé, présent et futur, ces vidéos nous guident à travers l’expérience de l’être humain.