Poésie

Le Ring du Poète

Ramiro Oviedo

05 nov 2021 à 19h

Selon l'auteur du recueil, la poésie est un sport de combat, la seule voie où l'on se mouille avec le drame et la gravité de la vie. C'est un Trip Gong, le son de cloche qui annonce le début et la fin du prochain round sur le ring, l'usine, le bureau, l'école, la vie.

Oviedo soutient que le poète et le boxeur ont la même attraction pour le risque, la même fierté suicidaire. Ils partagent aussi les mêmes craintes, les mêmes armes, les mêmes tics. Sur les murs de la bibliothèque du poète, à part quelques anthologies et collections de poésie, on distingue un poster d'Apollinaire, le casque perforé par un obus. Au gymnase, sur les mûrs de la loge du boxeur, on trouve les posters en noir et blanc géants de Mano de Piedra Durán, Eugenio Espinoza, Jaime Valladares, des frères Tiozzo, des Jacobs, Fabrice Benichou, tous avec l'étoffe de champions de légende. C'est moins joli de le voir avec sa gueule de Che Guevara, le même regard rêveur, encaisser avec insouciance les attaques brutales de son adversaire. Il n'a rien gagné. Il n'a jamais voulu gagner. Il n'aurait jamais pu gagner avec ses coups qui semblent des caresses. Trop doux pour être efficaces. Ce que l'histoire de la boxe retiendra de son passage c'est l'élégance de son style, l'obstination folle à encaisser des baffes, l'entêtement à rester debout même détruit ou à moitié assommé. Sa vraie victoire c'était de ne pas tomber.