Arts

La symphonie du vivant

La forêt volante. Le souffle de l'art

09 déc 2022 à 19h

Hommage à Jacques Tournon et présentation du catalogue La forêt volante. Le soufle de l'art

Ce catalogue met en perspective le travail de deux générations d’artistes shipibo-konibo, il y ajoute aussi l’interprétation visionnaire de la forêt amazonienne d’un peintre andin de la région de Junin.

Lastenia Canayo, Pecon Quena de son nom d’origine, sa conception animiste de la nature, donne corps, à travers le dessin, la peinture et la broderie, à des représentations d’êtres qui, dans la cosmovision de sa culture, sont les protecteurs de la nature. Ce sont los Dueños (les Maîtres ou Ibos en langue Shipibo Konibo), les esprits qui accordent aux plantes et aux animaux des pouvoirs capables d’influer sur le monde et de le transformer. La singularité du livre, Los Dueños del mundo shipibo, écrit en collaboration avec l’historien Pablo Macera, consiste à associer la peinture du Dueño à son histoire. Ainsi, il y a communication entre celui-ci et l’artiste qui retranscrit son message en couleurs, en y incorporant la plante et son maître. C’est la nouvelle forme narrative de l’univers culturel des shipibos-konibos. Le «kéné», cette forme d’expression géométrique stylisée sur des céramiques et des tissus peints brodés, fut exercé et aussi transmis, surtout par les femmes. Il a été déclaré Patrimoine Culturel du Pérou le 16 avril 2008. Tous les peintres shipibos konibo présentés ont appris, dans leur enfance, l’art du kéné. Et les jeunes artistes se sont approprié ce leg ancestral en l’actualisant.

La nouvelle génération d’artistes, «plus urbanisée», a tenté de saisir la singularité de Lastenia Canayo. Si certains en ont gardé les motifs traditionnels, tous expriment à travers leur art, la préservation de la nature et la protection du vivant, tout en affirmant leur identité ethnique. Ce nouveau langage est en lien et en accord avec leur environnement. Quant à Josué Sánchez, artiste andin, s’il s’est beaucoup inspiré des paysages grandioses de la sierra et de la culture andine qui sont les siennes, son imagination s’est aussi nourrie de l’Amazonie, de ses mythes, de ses mystères et de ses coutumes, qu’il a revisitées et déclinées dans un univers onirique foisonnant