Poésie

Essart de Gabriela Mistral

Irène Gayraud

25 oct 2021 à 19h

Rencontre à l'occasion de la parution d'Essart (Tala), recueil majeur de la poétesse chilienne Gabriela Mistral (Editions Unes) traduit par Irène Gayraud.

Irène Gayraud, propose pour la première fois en français la traduction d'un recueil complet de l'auteure prix Nobel de littérature 1945. "Gabriela Mistral est, avec une intensité peu commune, reliée à la terre, aux éléments, à la matière, aux êtres vivants, qu’ils soient humains, animaux ou végétaux, aux pierres mêmes ; son rapport au monde est fait d’écoute, de sensations tactiles, d’odeurs, de saveurs, de visions hallucinées. Le lecteur, en arpentant sa poésie, se sent remis au monde, placé au coeur d’un univers ample, profus, généreux, dans lequel les fantômes, les ombres, les dieux, ont leur place aux côtés des faiseuses de pain, des bûcherons, des vigognes et des cactus."

 

Gabriela Mistral (1889-1957) est une poétesse chilienne, Prix Nobel de Littérature en 1945. Elle est le premier écrivain d’Amérique latine et la toute première femme poète à recevoir cette distinction. Née dans une famille pauvre, abandonnée par le père, d’une vallée rurale du Chili, elle sera institutrice de campagne, avant de devenir une figure de la pédagogie et de l’enseignement dans toute l’Amérique latine. Elle réforme à la demande du gouvernement mexicain le système scolaire du pays, entre 1922 et 1924, en transformant notamment l’éducation des filles et des enfants des zones rurales. Elle poursuivra ensuite une carrière diplomatique jusqu’à la fin de sa vie, en devenant consul du Chili à Madrid, Lisbonne, Nice, au Brésil, à Los Angeles, Veracruz, Naples ou encore New York. Féministe, lesbienne, Gabriela Mistral détonne à son époque et dans une Amérique latine dont elle ne cesse de combattre et de dénoncer le machisme. Son œuvre poétique s’ouvre avec "Desolación", publié en 1922, qui lui offre une notoriété au-delà des frontières de son continent. Viennent ensuite ses deux plus grands livres, "Essart" (1938) et "Lagar" (1954), dans lesquels elle atteint sa pleine maturité poétique, puis "Poema de Chile" (1967), recueil entièrement consacré à son pays natal. Elle laisse également de très nombreux écrits en prose, articles de presse, textes de conférences, essais… Porteurs d’une quête à la fois matérielle et spirituelle, ses poèmes disent une intimité rare avec la terre, la matière, les êtres rencontrés, et une acuité presque douloureuse de la vie. Mêlant la mythologie grecque à celles des civilisations de Mésoamérique et aux références bibliques, Gabriela Mistral invente un monde à la croisée des cultures occidentale et d’Amérique latine, à la fois étrange et accueillant ; âpre, presque rude, et pourtant rendu familier par sa profonde humanité. Irène Gayraud (Sète, 1984) est écrivaine, poétesse, traductrice et maîtresse de conférences en littérature comparée à Sorbonne Université. Elle a publié un roman, "Le livre des incompris" (Éditions Maurice Nadeau, 2019), et quatre livres de poésie : "à distance de souffle, l’air" (Éditions du Petit Pois, 2014) ; "Voltes" (Al Manar, 2016), "Point d’eau" (Le Petit Véhicule, 2017) et "Téphra" (Al Manar, 2019). Avec Christophe Mileschi, elle a traduit les œuvres poétiques de Dino Campana ("Chants Orphiques et autres poèmes", Points Poésie, 2016). Elle est en outre membre de l’Outranspo (« Ouvroir de translation potencial »). Elle travaille régulièrement en collaboration avec des compositeurs de musique contemporaine. En septembre 2021, elle participe à la Biennale de Venise comme poétesse et récitante, dans le cadre d’une œuvre musicale de la compositrice Marta Gentilucci.