Littérature

Des littératures de l'intranquillité

Lise Gauvin

13 fevr 2024 à 19h

À l’occasion de la publication du livre de Lise Gauvin, Des littératures de l’intranquillité (Karthala, 2023), et à l’invitation de l’Institut du Tout-Monde, entretien entre Lise Gauvin et Danielle Perrot-Corpet. Présentation de Sylvie Glissant.

Les éditions Karthala publient un nouvel essai de Lise Gauvin, critique littéraire et professeure. Dans la continuité de ses précédents travaux, Lise Gauvin poursuit son étude sur la langue des écrivains, leur style, avec cette théorie : les écrivains francophones, hors de France, sont contraints de penser le français. Quelle langue parlent les écrivains ? Les littératures francophones sont des littératures de l'intranquillité : en situation de minorité face au français « de France » qui est en situation de majorité, elles font émerger mille autres langues en elles, que ce soit le créole, l'acadien, le malinké ou encore l'anglais. En étudiant des œuvres d'auteurs aussi divers que Michel Tremblay, Patrick Chamoiseau, Ahmadou Kourouma, France Daigle, Edouard Glissant, Réjean Ducharme ou Raphaël Confiant, Lise Gauvin décrit la « surconscience linguistique » des écrivains, condamnés à « penser la langue » française par diverses stratégies, de la note de bas de page, du paratexte, du narrateur collectif... L'écrivain et l'imaginaire des langues : le romancier triche avec la langue, fait un pas de côté, fait boiter la langue, fabule son autofiction pour raconter son inconfort linguistique, ou bien pour dénoncer la norme et la renverser comme un gant, pour en exhiber les coutures et proposer de nouvelles poétiques narratives. Tout ceci fait l'objet du nouvel essai de Lise Gauvin, qui rassemble et poursuit ici les travaux de ses dernières années de recherche.

 

Écrivaine, critique littéraire et professeure, Lise Gauvin a publié des ouvrages consacrés à la littérature québécoise et aux littératures francophones. Son essai intitulé La Fabrique de la langue. De François Rabelais à Réjean Ducharme (Seuil, 2004) a reçu une mention spéciale du jury du Grand Prix de la critique du PEN Club français.