Dans le cadre du cycle de conférences bilingue proposé par le cartel franco-brésilien de psychanalyse 2022-2023 : Les destins de la haine aujourd’hui. Regards croisés France/Brésil. En partenariat avec La revue lacanienne

La suppression des frontières entre les pays et les sujets a constitué le premier effet de la mondialisation favorisé par la dissémination des réseaux sociaux. Non seulement le temps de connexion a été réduit, mais aussi les pratiques d'invasion permises par l'anonymat, ainsi que la destruction des droits préservés entre les nations. Les pactes qui soutenaient la médiation, le dialogue, le respect, la honte et la pudeur sont désormais considérés comme dépassés. Dans cette nouvelle réalité, la haine s'est détachée de l'amour et le discours a réduit sa fonction de liaison pour laisser place au passage à l’acte, tout en créant les conditions d'une jouissance sans interdit. La captivation par le braiement et la vocifération a été anticipée par le théâtre d'Ionesco dans Rhinocéros. Un corps réduit à une bouche parlant de manière décousue, à première vue, c'est ce que Beckett nous a légué dans Not I. À partir de là, il reste la tâche de réinventer la liaison entre les corps qui ne se limitent pas à des bouches vociférantes et des paroles qui ne se réduisent pas à la déconnexion.