Alejandro Manara fait état dans ce livre d’une généalogie des différents centres d’intérêt de Benedit. Il va sur les traces de l’artiste argentin et met l’accent sur les faits marquants de son parcours, revisite ses lectures et ses points de vue notamment sur Darwin, dont Benedit s’enquérit en tant que naturaliste et observateur des us et coutumes d’une Argentine à peine naissante ; sur Hudson chez qui Benedit trouva, dans ses observations sur la pampa, les origines de sa propre enfance et de son adolescence; sur Max Beckmann, un de ses maîtres et inspirateurs, et sur Lisandro de la Torre, pionnier de l’éthique en politique.

Dans ce livre Alejandro Manara explore également les échanges qui eurent lieu entre Benedit et Molina Campos, en reprenant l’œuvre de ce dernier dans une perspective postmoderne. Marcelo Pacheco, commissaire de l’exposition rétrospective du MNBA en 1996, identifie le travail de Benedit à « une manière de fusionner tout ce qui est si constitutif à la ville de Buenos Aires et la singularité argentine ». On retrouve cela dans son humour, dans la sauvegarde par l’image de témoignages oraux, la jonction entre science et histoire, dans sa délicatesse, ses actions créoles et son être créole.

Luis Fernando Benedit (1937-2011), plasticien, dessinateur et architecte, a su porter un regard original sur l’Argentine et s’est également interrogé sur l’influence que l’art et l'histoire peuvent avoir sur l’identité d’un pays. Quiconque aurait le désir d’approfondir et analyser l’œuvre, les préoccupations et les interrogations d’un artiste tel que Benedit, serait confronté à sa propre ignorance quant au sens même de ce qu’est "être argentin", et les défis que cela engendre. D’où la nécessité de comprendre où se trouvent ses propres racines.