Psychanalyse

100 ans après Le rituel du serpent

d’Aby Warburg

21 avril 2023 à 18h30

Cent ans après le 21 avril 1923, rencontre avec les psychanalystes Françoise Davoine et Franck Ancel au café Sigmund de la Maison de l’Amérique latine.

 

Précédée à 18h30 d'une visite de l'exposition L'ombre de Saturne commentée par l'artiste Eugenio Tellez.

Lors de cette soirée des extraits sur Le Rituel du Serpent. Récit d’un voyage en pays pueblo, la conférence d’Aby Warburg seront lus à partir de l’ouvrage paru aux éditions Macula pour nous ouvrir à une mémoire de l’art.

 

Il se pourrait que Le Rituel du Serpent soit la meilleure introduction à l’œuvre profonde et singulière d’Aby Warburg (1866-1929), le chemin le plus direct pour atteindre le cœur de sa pensée. Entreprise à vingt-neuf ans, son équipée chez les Hopis nous apparaît comme l’expression spatialisée d’un désir incoercible d’échapper aux confinements, aux conditionnements de son milieu et de sa discipline académique : « J’étais sincèrement dégoûté de l’histoire de l’art esthétisante. »

 

Pour ce spécialiste déjà réputé du Quattrocento, attentif à la grande voix impérieuse de Nietzsche, « la contemplation formelle de l’image » ne pouvait engendrer que « des bavardages stériles ». Warburg passera cinq mois en Amérique. Il observe, dessine, photographie les rituels indiens. Rentré à Hambourg, il organise trois projections dans des photo-clubs. Puis plus rien. Silence. Il reprend sa vie de chercheur, publie des essais qui feront date. L’épisode indien est oublié, refoulé. Mais voici qu’en 1923, vingt-sept ans après son enquête chez les Hopis, Warburg, interné dans la clinique psychiatrique de Ludwig Binswanger, à Kreuzlingen, pour de graves troubles mentaux accentués par la guerre, demande avec insistance à prononcer une conférence. Alors re-surgissent devant soignants et malades tous les détails du voyage américain : danses, sanctuaires, parures, gestes, habitats, dessins, rencontres ; mais aussi la chaîne d’associations qui, sur le thème ambivalent du serpent – cruel avec Laocoon, bénéfique avec Asclépios, séducteur et mortifère avec les nymphes serpentines de Botticelli ou de Ghirlandaio –, n’a cessé d’entraîner Warburg d’une Antiquité millénaire jusqu’aux pratiques cérémonielles des « primitifs » (et vice versa).

 

Une Rencontre, à l’initiative du psychanalyste Franck Ancel. Nos remerciements au Warburg Institute de Londres.