Arts

Cárdenas

Mon ombre après minuit

Catalogue de l'exposition. Textes : Alain Rouquié & Susan Power

LE SUC VIVANT DE L’OMBRE

Au XXe siècle, à Cuba, naissaient des artistes qui étonneraient le monde et qui eurent la bonne idée de vivre et travailler longuement à Paris : Wifredo Lam et Agustín Cárdenas, mais aussi Jorge Camacho et Joaquín Ferrer en sont les spécimens les plus éclatants.

Cárdenas est l’un des grands sculpteurs de son époque. On sait moins qu’il est un peintre et un dessinateur de première grandeur comme l’était Giacometti, avec cette même obsession de relever les défis de la représentation.

L’exposition Mon ombre après minuit. Œuvres sur papier, œuvres sculptées vise à désenclaver le dessin et la peinture de Cárdenas, au sens où l’écrivait Yves Bonnefoy : « […] notre modernité critique a désenclavé le dessin. Elle ne le réduit plus aux préliminaires d’une image chargée d’un sens. Elle l’aime pour ce qu’il est, tracé inabouti autant que pensée… »

L’exposition de la Maison de l’Amérique latine, grâce à Elena Cárdenas Malagodi et André Bouba Cárdenas, et avec le précieux travail d’Atawal Cárdenas, présente une centaine de dessins et peintures et quelques sculptures de Cárdenas, réalisés tout au long de sa vie d’artiste en Europe, notamment à Paris – à partir de 1955 – et à Carrare. Les analyses très fines et poussées de Susan

Power sur la place des dessins dans son œuvre nous éclairent sur l’importance qu’il accordait lui-même à cette pratique.

Les dessins et peintures exposés forment avec les sculptures, sans solution de continuité et dans la beauté de leur « souffle africain », ce qu’on pourrait appeler le « grand Art » de Cárdenas, celui d’une variété étincelante de formes et de couleurs qui se signifient.

Les planètes secrètes de Cárdenas, évoquées par Édouard Glissant, nous laissent confondus.

Alain Rouquié, Président de la Maison de l'Amérique latine.

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