Rencontre

La guerra interna entre los Ashaninka y Nomatsiguenga

de la Selva central del Perú, 1980-2000

26 avril 2023 à 19h

Rencontre autour du livre La guerra interna entre los Ashaninka y Nomatsiguenga de la Selva Central del Perú, 1980-2000. Estudio de Antropología de la violencia y Muestra fotográfica de Mariella Villasante Cervello

L’Amazonie centrale péruvienne a subi un cycle de violence extrême, entre 1980 et 2000, initié par le Parti communiste du Pérou-Sentier lumineux (PCP-SL) et, dans une moindre mesure, par le Mouvement révolutionnaire Túpac Amaru (MRTA), auquel les forces armées ont répondu par des mesures antisubversives brutales, accompagnées de la libération de milliers de captifs des camps totalitaires du Sentier lumineux. La guerre interne a coûté la vie à environ 7 000 Ashaninka et Nomatsiguenga, ainsi qu'à un nombre indéterminé de colons andins.

 

Dans cette nouvelle publication, Mariella Villasante résume le contenu du volumineux ouvrage publié en 2019 Violencia política en la selva central del Perú, 1980-2000. Si la perspective conceptuelle a été préservée, mettant en avant les principaux faits de violence de cette période néfaste, l'exposition d'une centaine de belles photographies anciennes et contemporaines -notamment du correspondant de guerre Alejandro Balaguer- a également été mise en avant. Le livre inclut également un CD avec une sélection de 28 morceaux vocaux et instrumentaux de musique ashaninka recueillis par l'auteure entre 1981 et 1982 dans les communautés de Cushiviani (Río Negro) et de Betania (Río Tambo) dans la province de Satipo.

 

Dans la première partie, l’auteure présente les Ashaninka et les Nomatsiguenga d'un point de vue structurel et historique. La deuxième partie montre les étapes de la guerre : l'installation du PCP-SL dans l’Amazonie centrale (province de Satipo), la résistance à l'invasion du Sentier lumineux, la création de milices natives et leurs excès de violence, le processus d'élimination des subversifs et des forces armées, les massacres et le recrutement d'enfants soldats, et l'enlèvement de filles et de femmes esclaves sexuelles des mandos (chefs) du Sentier lumineux. Enfin, l'extrême violence du Sentier lumineux est explicitée : la création de camps totalitaires, une variante des camps de concentration, entre 1988 et 1995, où les captifs ashaninka, nomatsiguenga, et les colons andins, ont souffert de la faim, de la torture et des exécutions ordonnées par les chefs du Sentier lumineux Abimael Guzmán Reinoso (m. le 11 septembre 2021) et Oscar Ramírez Durand (Feliciano, capturé en 1999).

Ce volume, publié sous l’égide de l’Instituto Riva Aguero et de l’Instituto de Defensa Legal, avec une préface de Salomon Lerner, peut s'averer une aide à la société civile à percevoir avec plus d'acuité la terrible expérience de la guerre interne entre les Ashaninka et les Nomatsiguenga, descendants des premières sociétés humaines du continent sudaméricain. Il devrait également susciter l'intérêt des étudiants et des spécialistes en sciences sociales, en histoire et en droit humanitaire pour entreprendre des études en Amazonie, qui reste un territoire négligé et important au Pérou.