Littérature

Les Rêves du serpent

Rencontre avec Alberto Ruy-Sánchez

06 oct 2020 à 19h

Conversation entre l'auteur et Patrick Straumann, diffusée en direct via Zoom dans notre auditorium.

En compagnie de sa traductrice Marianne Millon qui lira quelques extraits du livre.

Rencontre avec Alberto Ruy-Sánchez à l'occasion de la parution de son nouveau roman Les Rêves du serpent (éditions Les fondeurs de briques).

 

« L’une de mes sources d’inspiration formelles a été les blouses artisanales que l’on tisse en ôtant certains fils, dessinant ainsi des motifs à partir des trous qui en résultent. Les Rêves du serpent ressemblent à l'une de ces blouses ajourées que l’on fabrique au centre du Mexique, où ce qui n’est pas là en dit plus long que ce qui est là. »

 

À Mexico, de nos jours, un narrateur qui ne se nomme pas mais que l’on identifie très vite comme Alberto Ruy Sánchez rapporte qu’il reçoit des courriers énigmatiques, lettres, témoignages, poèmes souvent rédigés sur des cartes au dos desquelles figurent des dessins de fourmis, corbeaux et serpents, des collages, photos etc. L’identité de l’expéditeur, homme ou femme, ne figurant nulle part, il l’appellera « Silhouette », pensant que cette personne lui écrit d’une prison ou d’un asile. Un jour, on lui livre plusieurs cartons contenant des milliers de documents émanant tous de cette personne, peut-être un arrière-grand-père aujourd’hui centenaire émigré aux USA et dont la famille n’a plus jamais eu de nouvelles. Le narrateur recouvre peu à peu les murs d’une pièce de son domicile avec ces documents, reproduisant ce « Palais de la mémoire » qu’Oliver Sacks a recommandé à son patient, d’après la méthode de Mateo Ricci, un jésuite italien du XVIe, destinée à récupérer la mémoire en attribuant un espace à chaque chose. Peu à peu, une gigantesque mosaïque se dessine, diverses figures ayant réellement existé apparaissent, telles que Adolf Wolfli que Rilke et Cendrars ont lu, et Aloïse Corbaz, ayant comme lui subi l’internement en asile psychiatrique, la figure centrale étant Sylvia Ageloff, travailleuse sociale que Juan, alias John, alias Iván, alias Ioane rencontre lorsqu’il travaille aux usines Ford à New York avant de partir avec des milliers d’autres ouvriers en URSS où Ford a vendu son usine. Fille de russes émigrés à New York, après leur séparation, elle rencontrera Ramón Mercader qui l’utilisera pour approcher Trotski et le tuer le 21 août 1940.

 

En 2018, Les Rêves du serpent a reçu la reconnaissance la plus importante décernée chaque année à un roman au Mexique, le prix Mazatlán.
À l’occasion de la publication de l’édition mexicaine, Alberto Manguel a écrit : « Les Rêves du serpent sont l’un des livres les plus distrayants, intenses et originaux que j’aie lus depuis longtemps... ». Et quelques mois plus tard, pour l’édition espagnole : « C’est un chef-d’œuvre. L’un des ouvrages les plus importants écrits en espagnol dernièrement. »

 

Cette traduction est publiée avec l'aide de la Maison de l'Amérique latine.
 

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Biographie

Formé à Paris sous la direction de Roland Barthes, Alberto Ruy Sánchez publie son premier roman en 1987, Les Visages de l’air, qui sera suivi d’une vingtaine d’ouvrages (romans, essais, poésie) dont plusieurs ont été traduits en français. Octavio Paz a écrit de lui qu’il était « le plus atypique des écrivains mexicains, (…) qui raconte des histoires depuis un territoire beaucoup plus ample qu’un pays : celui de la peau ».