Cinéma

Débords - Du Cinéma (2/4)

Antonio Somaini

20 déc 2019 à 19h

Machine Vision : enjeux esthétiques, épistémologiques et politiques d’un regard non humain

Un «débord», indique le Littré, c’est la «partie d’une route qui borde le pavé». C’est aussi une «crue», voire une «éruption».

 

Dire du cinéma — si l’on donne à ce nom son extension maximale, si l’on en fait un synonyme d’une conduite ou d’un routage des regards appareillés — qu’il déborde, c’est peu dire. Il y a du cinéma partout. Il y a même (et peut-être par excellence) du cinéma là où personne ne regarde, là où ça tourne tout seul, sans nous. C’est un vieux rêve cinématographique — et déjà photographique — que celui des images achéïropoïètes, non faites par la main de l’homme. Or, comme le remarquait récemment l’artiste américain Trevor Paglen, les images faites par des machines et pour des machines forment désormais l’immense majorité des images en circulation. Elles sont en train de constituer ce qu’il appelle une «culture visuelle invisible». Ces images contemporaines destinées à un regard non humain, ces bords où le visible déborde vers l’invisible, on tentera de les inscrire dans une histoire longue qui est celle de l’ombre.

 

«Débords — du cinéma» : un séminaire du Collège international de philosophie, organisé par Laura Odello et Peter Szendy. Prochaines séances : 10 janvier (Jean-Christophe Bailly) et 17 janvier (Laura Odello).