Philosophie

Séminaire Dialogues philosophiques

Gisele Amaya Dal Bó

04 déc 2018 à 19h

Présentation du livre de Gisele Amaya Dal Bó (Université Paris 13) La Subversion passée sous silence : politiques de la mémoire sur les dictatures en Argentine et au Chili (L’Harmattan, 2018)

Répondants : Guadalupe Deza, Université de Buenos Aires/Paris 8, Jean-René Garcia, Université Paris 13 et Sophie Thonon Wesfreid, avocate.

 

Pourquoi les politiques de mémoire sont actuellement la réponse privilégiée des États qui cherchent à gérer un passé des crimes commis contre la population ? La subversion passée sous silence est une analyse comparative des politiques de mémoire sur la dictature en Argentine et au Chili qui, en partant de cette question, cherche à analyser le lien entre la mémoire, la politique et l’État. Se poser cette question implique de s’interroger, tout d’abord, sur les effets des politiques de mémoire, leurs modes de fonctionnement et les manières dont les différents acteurs politiques interagissent dans une politique de mémoire. Dans cette perspective, les politiques de mémoire sont étudiées dans ce livre comme des pratiques étatiques qui répondent à des jeux stratégiques et à des configurations de pouvoir spécifiques, mais qui produisent aussi un cadre d’intelligibilité et de discours faisant référence au passé et aux façons de penser de la communauté. D’autre part, la comparaison entre les différentes politiques de mémoire qui ont été employées dans le Cône Sud de l’Amérique latine après les dictatures de la fin du XXe siècle soulève une autre question, celle de la rhétorique utilisée dans différents discours et actions étatiques qui thématisent la mémoire et ses effets. Si, à partir d’Halbwachs et des contributions des sciences sociales, nous considérons que la mémoire a une importance pour la constitution des groupes, nous pouvons, en allant encore plus loin, proposer l’idée que les politiques de mémoire cherchent alors à postuler des manières de penser et d’expérimenter la communauté.

Gisele Amaya Dal Bó (Buenos Aires, 1989) est professeure diplômée de littérature en Argentine et d'un master en philosophie à l'université Paris-8. Sa recherche de master, qui est à la base de ce livre, s’est vue décerner le Prix du master recherche du Pôle nord-est de l'Institut des Amériques (IdA). Elle a écrit de nombreux articles portant sur la littérature, le cinéma et la mémoire des dictatures en Amérique latine. Elle est actuellement doctorante en philosophie du droit à l'université Paris-13.

---

Dans le cadre du Séminaire Dialogues philosophiques. Rencontres philosophiques entre chercheurs d’Amérique latine et d’Europe sous la direction de Patrice Vermeren.