Littérature

Lisbonne, ville ouverte

Patrick Straumann

05 juin 2018 à 19h

A l'occasion de la parution du livre (Editions Chandeigne), rencontre avec l'auteur en dialogue avec Pierre-Emmanuel Dauzat.

Lisbonne, 1940. Après la chute de Paris et la fermeture des ports méditerranéens, la capitale portugaise offre la dernière porte de sortie à une Europe en guerre. Réfugiés politiques de toutes origines, apatrides, anonymes, intellectuels et artistes tels Man Ray, Julien Green et Hannah Arendt fuient l’Occupation et traversent les Pyrénées dans l’espoir de trouver une place à bord d’un navire et d’embarquer vers New York ou Rio de Janeiro. Quelques hectares en tout, étendus sur le maillage serré des rues du centre-ville, auxquels s’ajoutent quelques demeures cossues dans le quartier des ambassades et les palaces de la station balnéaire d’Estoril, forment la scène sur laquelle se déroule cet Exode moderne : les terrasses des cafés de Lisbonne bruissent de langues étrangères, dans les foyers des hôtels se produisent des rencontres inattendues. Face à l’afflux des réfugiés, un sentiment d’urgence saisit la ville. Les libraires bradent les oeuvres de Stefan Zweig et de Romain Rolland, le marché noir fleurit, les bagages s’entassent sur les quais du Tage. Comment revenir sur cette histoire, faite de milliers de destins individuels, de coïncidences et de drames ? Tandis que, à Belém, António Salazar fait revivre la mémoire de la grandeur d’une nation qui, 450 ans plus tôt, a initié le siècle des Découvertes, Jean Renoir et Antoine de St. Exupéry montent ensemble à bord du «SS Siboney». Jean Giraudoux passera par Lisbonne à la recherche de son fils parti s’engager à Londres ; Tadeus Reichstein, le grand-père de l’auteur, inventeur de synthèse de la vitamine C, prix nobel de chimie, traverse la ville à l’occasion d’un aller-retour à New Jersey. Juif polonais naturalisé Suisse, sa correspondance privée jettera un éclairage sur l’envers de ces années de guerre.

 

Patrick Straumann est un auteur caméléon. Né en Suisse, il vit à Paris depuis quelques années en tant que journaliste pour la presse écrite et la radio. Il collabore, par exemple, au quotidien Neue Zürcher Zeitung, produit des émissions pour France Culture et publie dans des revues telles que Vertigo et Trafic.

Grand voyageur, il se rend pour la première fois au Brésil en 1992 et y retourne dès qu’il en a l’occasion. Son récit de voyages, La meilleure part, illustre avec passion son amour pour la culture et la beauté de ce pays. En 2001, il organise pour les éditions Chandeigne le beau livre Rio de Janeiro, la ville métisse, d’après les lithographies de Jean-Baptiste Debret et en 2005, l’essai photographique sur le sculpteur baroque Antônio Francisco Lisboa, dit l’Aleijadinho.

Critique de cinéma, il a eu l’occasion d’interviewer Manoel de Oliveira avant son décès et d’organiser le livre-DVD Aniki-Bobo autour du premier film de ce grand cinéaste portugais.

(Editions Chandeigne)