Psychanalyse

Bâton de Réglisse

Conférence de Bernard Vandermersch

04 déc 2019 à 21h

L’autorité, en tant que principe hiérarchique unanimement reconnu, a disparu. Son symbole, bâton de maréchal ou sceptre royal, est aujourd’hui un phallus un peu ridicule. Il suffit que le crédit fait au patriarche disparaisse pour que la baston apparaisse. Mais qu’est-ce qui donne du crédit au Père ? Son meurtre dit Freud, par culpabilité. Lacan y substitue un fondement moins paranoïaque de l’autorité, l’objet a comme cause du désir : ce qui donne du crédit à un père est qu’il s’acquitte du prix à payer pour désirer une femme. Mais dans le capitalisme mondialisé, la plus-value s’est substituée à l’objet a et les lois de l’économie réduisent le sujet humain désirant à l’ « individu rationnel », celui qui vise toujours à maximiser son profit et ne connaît pas la sexuation. Le Droit lui-même, soucieux de se débarrasser de tout dogme fondateur et dans un esprit pseudo-scientifique roule pour l’économie. Dès lors le Droit qui fait modèle international procède des droits individuels (c’est-à-dire la jouissance privée) et non l’inverse. La règle de justice devient bâton de réglisse, où se confondent le signifiant et l’objet. Un bon usage de la lettre, ce médiateur entre idéal et objet, est alors nécessaire pour rétablir une distinction vitale pour un sujet. C’est l’ambition, dans son champ, de la psychanalyse.

Modérateur : Luiz de Farias

Discutante : Angela Jesuino