Sciences humaines

AU-DELA DE LA BIOMEDECINE

Mythes, maladies et guérison chez les indiens Baré en Amazonie

21 nov 2018 à 19h

Rencontre avec l'auteur Aparecida Gourevitch à l'occasion de la parution de son livre (L'Harmattan)

Présentée par Marion Aubrée, docteur en anthropologie sociale, CRBC, EHESS.

 

L’ethnie Baré qui s’étend sur trois pays amazoniens (Brésil, Colombie, Venezuela) fut importante dans le passé. Elle a cependant beaucoup pâti du contact avec les Blancs et a même, pendant un temps, été considérée comme disparue et, de ce fait, fort peu étudiée du côté brésilien. Pourtant, ce travail de recherche montre que, loin de s’être perdues au cœur de l’acculturation, leurs croyances et pratiques traditionnelles sont bien vivantes et se sont, au fil des années, enrichies de la greffe d’éléments culturels autres qui se trouvaient dans leur horizon social (diversité ethnique du Rio Negro et dévotions du catholicisme populaire). Le présent travail s’est attaché à mettre en valeur la spécificité de leur rapport à la maladie et la diversité des représentations qu’ils s’en font : maladies des Blancs, maladies provoquées par les nombreux « esprits de la nature », maladies provoquées par les autres humains. Cette classification est, pour eux, essentielle et si la première correspond aux praticiens de la biomédecine, la seconde et la troisième font appel à divers acteurs (pajé, rezador, sage-femme, agent de santé communautaire) dont chacun reçoit, dans l'univers symbolique Baré, l'attribution d'un rôle spécifique qui répond à l’une des plus grandes aspirations des membres de cette ethnie : disposer d’un système de santé adapté à leur réalité. Ce système doit tenir compte de toutes leurs maladies et toutes leurs pratiques de guérison et prendre en considération ce qui fonde leurs représentations culturelles spécifiques. Ainsi, chaque praticien a son rôle et son degré d’importance. Médecin, pajé, rezador et agent de santé communautaire constituent le quadripode indispensable sur lequel repose le maintien de la bonne santé de ces Indiens. C’est pourquoi le manque de médecins ou de pajés constitue, pour les Baré, un motif de crainte par rapport à l’éventuelle apparition de maladies « nouvelles ».

Aparecida Gourevitch a une double formation de psychologue et d'anthropologue. Actuellement, elle travaille à la fois en France, en tant que psychologue clinicienne, et au Brésil en tant que professeur invitée dans le Cursus Master et Doctorat en Développement Social de l'université de Montes Claros (Minais Gerais), où elle enseigne l'anthropologie de la santé et de l'alimentation.