Exposition

Claudia Andujar

Fondation Cartier pour l'art contemporain

30 janv 2020 13 sept 2020

La Fondation Cartier pour l’art contemporain présente la plus vaste exposition jamais consacrée à l’œuvre de la grande photographe brésilienne Claudia Andujar qui, depuis les années 1970, dédie sa vie à la photographie et à la défense des Yanomami, peuple amérindien parmi les plus importants de l’Amazonie brésilienne.

Fruit de plusieurs années de recherche dans les archives de la photographe, cette exposition, conçue par Thyago Nogueira pour l’Instituto Moreira Salles au Brésil, présente son œuvre à travers plus de deux cents photographies en noir et blanc ou en couleur dont un grand nombre d’inédits, une installation audiovisuelle ainsi que des dessins réalisés par des artistes yanomami et des documents historiques. Reflétant les deux versants indissociables de sa démarche, l’un esthétique, l’autre politique, elle révèle à la fois la contribution majeure de Claudia Andujar à l’art photographique et le rôle essentiel qu’elle joue en faveur de la défense des droits des Indiens Yanomami et de la forêt qu’ils habitent.

 

Une interprétation de la culture yanomami

Née en 1931 à Neuchâtel, Claudia Andujar vit à São Paulo. Après une enfance en Transylvanie, elle rejoint la Suisse avec sa mère pendant la Seconde Guerre mondiale pour fuir les persécutions nazies en Europe de l’Est. Son père, juif hongrois, est déporté à Dachau où il est exterminé avec la plupart des membres de sa famille. Après la guerre, Claudia Andujar immigre aux États-Unis et s’installe définitivement en 1955 au Brésil, où elle entame une carrière de photojournaliste.

Elle rencontre pour la première fois les Indiens Yanomami en 1971, alors qu’elle participe à un reportage sur l’Amazonie pour le magazine Realidade. Fascinée, elle décide d’entreprendre un travail photographique approfondi sur le monde des Yanomami grâce à une bourse de la Fondation Guggenheim. Son approche diffère nettement du style documentaire de ses contemporains. Les photographies prises à cette période montrent les diverses techniques qu’elle expérimente pour traduire ce qu’elle perçoit de l’expérience chamanique des Indiens Yanomami. En appliquant de la vaseline sur l’objectif de son appareil, en utilisant une pellicule infrarouge ou en jouant avec la lumière, elle crée des distorsions visuelles qui imprègnent ses images d’une certaine surréalité.

Claudia Andujar réalise également de nombreux portraits en noir et blanc à travers lesquels elle saisit la noblesse et l’humanité des Yanomami. Elle privilégie les plans resserrés de visages ou de fragments de corps, et crée des effets de clair-obscur pour instaurer un sentiment d’intimité et mettre en valeur avec empathie l’intériorité de ses sujets. Dans le même temps et afin de mieux comprendre leur culture, elle propose aux Yanomami de représenter eux-mêmes leur univers métaphysique en leur fournissant papier, stylos et feutres. Une sélection de ces dessins montrant des scènes mythologiques ou rituelles et des visions chamaniques est présentée dans l’exposition.